1er août, jour officiel du basilic dans le calendrier républicain français….
Par le plus grand des hasards m’est arrivé par la poste de ce jour le livre de Madeleine Clémence-Jaquemaire, «Le pot de basilic » (1928). L’occasion était trop belle ! En voici le prologue :
« J’ai retrouvé le pot de basilic Vendée en Turquie et en Asie-Mineure, sur les fenêtres des maisons musulmanes et même sur les marches des mosquées. Quelle signification, quel pouvoir furent, au temps des lointaines aïeux, attribués à la petite plante aromatique, mais bien modeste, transportée, à la suite de quelles migrations, aux bords de l’Océan ? Comment un culte si désintéressé a-t-il pu résisté au temps ? Le basilic ne frappe pas les yeux par des dehors bien remarquables. Sa fleur est imperceptible. Il n’a pour lui que le parfum de sa petite verdure frisottée, un parfum qui n’est pas enivrant, mais plutôt piquant et tonique. Il n’a aucune utilité. Il ne peut même pas servir comme le thym ou l’estragon à relever le goût d’une sauce.
Cependant le basilic continuait dans mon enfance à compléter le décor du foyer paysan, à moins qu’on ne le vît, à la fraîcheur, sur la margelle du puits. Le dimanche, quand ils sortaient avec des hardes neuves, les garçons, le baséli au coin de la lèvre, s’en allaient voir leur amoureuse, laquelle en avait glissé un brin sous la toile de sa chemise pour parfumer ses rudes appâts.
J’ai été surprise et charmée de rencontrer les traces du basilic à l’ombre du beau Rameau d’or de James G. Frazer…
Le basilic nous vient de l’Inde ancienne, dit-il « il représente le jardin que le puits doit arroser. »
« Il n’est guère de famille hindoue qui se respecte qui n’en possède. Malgré son humble apparence cette plante est toute imbue de l’essence de Vichnou et de sa femme Lakshmi ; on l’adore tous les jours comme une divinité… Les femmes célèbrent son culte en tournant autour de la plante, en lui adressant des prières et en lui offrant des fleurs et du riz. Or, cette plante sacrée, incarnation de la déesse, est mariée chaque année au dieu Krishna, dans chaque famille hindoue. »…
Certes, en Vendée, le basilic ne jouissait que d’honneurs plus modestes. Aujourd’hui a-t-il encore des fidèles, c’est fort douteux. Notre siècle est incrédule et au bord de son puits, craignons-le, le dernier basilic sacré, sec comme une poignée de foin, est peut-être bien chu dans l’eau, la tête la première pour l’éternité… »
Pot of Basil
On 1 August, which is “Official Basil Day” in France…
In an enormous coincidence, this day I received in the mail the book by Madeleine Clémence-Jaquemaire, “Le pot de basilic” (Pot of Basil – 1928). What a fantastic coincidence! Here’s the prologue:
“I found the pot of Vendée basil in Turkey and Asia Minor on the windows of Muslim houses and even on the steps of mosques. What significance, in the time of the ancestors, did they attribute to the small, aromatic, but quite humble, plant, transported, following such migrations, to the edges of the Seas? How was such an unselfish religion able to resist time? Basil doesn’t stand out as very remarkable outside. Its flower is imperceptible. All it has is the perfume of its small, curly greenery; a perfume that isn’t intoxicating, but rather pungent and tonic. It has no use. It can’t even be used like thyme or estragon to enliven the flavour of a sauce.
However, basil went on in my childhood to fill in the decor of the country home, always remaining freshly-picked on the rim of the well. Sundays, when they went out with the new herds, the boys, with baséli at the corner of their lips, went to see their lovers, who had slipped a sprig under the cloth of their shirt to perfume their coarse bait.
I was surprised and charmed to encounter traces of basil in none other than the great James G. Frazer’s “The Golden Bough”…
Basil comes to us from ancient India, he says, “It represents the garden that the well must water.”
“There is hardly a respectable Hindu family that doesn’t possess it. Despite its humble appearance, this plant is imbued with the essence of Vishnu and his wife Lakshmi; we worship it every day like a deity… Women gather for its worship by circling around the plant, sending it prayers and offering it flowers and rice. And yet, this sacred plant, incarnation of the goddess, is married every year to the god Krishna, in every Hindu family.
Of course, in Vendée, basil would not enjoy even the humblest honours. Today it is quite doubtful that it would have more loyal followers. Our century is unbelieving and on the rim of its well, let us fear, the last sacred basil, dry as a handful of hay, is perhaps falling into the water head-first for eternity…”
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