Début mai, les premières pivoines de Chine déploient leurs têtes colorées.
Présentent à la Bigotie depuis je ne sais quand, je les bichonnes pourtant comme de jeunes enfants. Mais en ont elles vraiment besoin ? Elles ont vaillamment traversé le temps, livrées à elles même pendant de nombreuses années.
Leur variété, du rouge foncé, au rose en passant par le blanc, de même que leur situation, encadrant la porte d’entrée, témoignent d’une attention particulière portée à cette fleur par celui ou celle qui les a planté.
A la Bigotie on a aimé les pivoines… et on continu à les aimer… Pas les pivoines arbustives, la pivoine réservée, dit-on à l’élite des élites dans son pays d’origine, mais la pivoine herbacées, Paeonia lactiflora, celle de nos jardins, qu’ils soient anciens jardins de curé ou de paysan.
Mais que nous racontent-elles ces pivoines ?
On les dit de Chine, et c’est vrai qu’elles y font l’objet d’une véritable vénération depuis des millénaires. Mais certaines font aussi partie de notre flore tempérée. Coste dénombre à peu près sept espèces du genre paeonia.
Un genre nommé en l’honneur de Paeon, un médecin des dieux grecs de l’Antiquité, qui selon Homère, découvrit ses vertus et s’en servi pour guérir la blessure qu’Hercule avait fait à Pluton.
La légende voudrait aussi qu’un jardin planté de quelques pivoines ne souffre ni de l’orage ni de la grêle.
L’empereur de Chine, au début du premier Empire, offrit à l’impératrice Joséphine de Beauharnais les premières pivoines arbustives et herbacées introduites en France (la Compagnie des Indes en avait bien déjà introduit à la fin du XVIIIème siècle, mais elles ne survécurent pas). Pierre Joseph Redouté, peintre des fleurs de l’impératrice les illustra. Joséphine les conserva à la Malmaison, parmi tous ses trésors végétaux, avant d’en faire don au comte de Cussy. Lui même les céda à Auguste Calot, pépiniériste… Et de fil en aiguille, les collections de pivoines herbacées passèrent de « péonistes » en « péonistes » et gagnèrent les jardins.
Pour plus de renseignement sur les pivoines, lire l’ouvrage : « Le monde fabuleux des pivoines » de Michel Rivière, horticulteur spécialisé dans leur obtention et leur culture.
Pétale de pivoine,
(Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou, ch. LII)
Pétales de pivoine
Trois pétales de pivoine
Rouges comme une pivoine
Et ces pétales me font rêver
Ces pétales ce sont
Trois belles petites dames
À peau soyeuse et qui rougissent
De honte
D’être avec des petits soldats
Elles se promènent dans les bois
Et causent avec les sansonnets
Qui leur font cent sonnets
Elles montent en aéroplane
Sur de belles libellules électriques
Dont les élytres chatoient au soleil
Et les libellules qui sont
De petites diablesses
Font l’amour avec les pivoines
C’est un joli amour contre nature
Entre demoiselles et dames
Trois pétales dans la lettre
Trois pétales de pivoine.
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