Balade olfactive dans les jardins de la Bigotie, de la sensation au sentiment…

Balade olfactive dans les jardins de la Bigotie, de la sensation au sentiment…

Pour décrire leurs sensations olfactives, les hommes se sont dotés d’un langage métaphorique, ils parlent  :

De notes « dissonantes », « balsamiques », « fraiches » ou « ambrées »,

De produits « fruités », de « symphonies florales »,

De type « épicés » ou « herbacés »

De parfums « roses » ou « vert »

Quelles sont les paysages olfactifs de la Bigotie ?

Peut-être après la pluie une note d’herbe coupée qui reproduit le parfum vert, à la fois doux et puissant de l’herbe humide fraîchement coupée ou tondue. Mais aussi en plein cagnard les effluves aromatiques de romarin, de thym, de fenouil et de marjolaine ; ou encore fleurs de lavande

Le fenouil (Foeniculum vulgare) avec ses nuances anis, aromatiques et herbacées et la lavande (lavandula sp) aromatique, lavandé, herbacé sont pour moi irrémédiablement associés aux chaudes journées de l’été. Tandis que le tilleul (Tilia spévoque les réminiscences de la fraîcheur des soirées du début juillet.

A peine effleurée, la Menthe Pouliot (Mentha Pulegium) dégage des notes herbacées, avec des nuances amères, aromatiques, menthées et boisées. On sait alors que l’on est dans un milieu plus humides et frais.

Et la rue (Ruta gravéolens), dont les feuilles froissées libèrent une odeur considérée comme « mauvaise », et surtout très tenace, rentre dans la catégorie des aldéhydes avec des parfums pénétrants et amers, herbacés, âcres, aldéhydés, orange.

Parfums, odeurs et leur corollaires les saveurs constituent des formes de liens sociaux, ciments de convivialité mais aussi vecteurs de communication et de médiation, des porteurs d’information chargés d’un sens à la fois corporel, culturel et social.

L’univers des odeurs et des saveurs semble renvoyer à des sensorialités dites « secondaires » ou « primitives » en comparaison notamment avec le sens visuel dominant, et ceci malgré la complexité des phénomènes sensoriels engagés dans ces domaines. Et si l’espèce humaine est experte pour traiter les images et les sons, elle reste novice quant aux odeurs.

Et pourtant odeurs et arômes sont perçus par le bulbe olfactif situé à la base du cerveau ; L’accès de ces stimuli aux centres d’interprétation est donc très rapide, beaucoup plus que pour les autres sens qui empruntent des itinéraires plus longs et plus complexes.

Tous nos sens coopèrent ; même si une sensation domine, par pression du contexte, elle s’appuie sur le concours des autres sens. Sentir et goûter relève d’une activité globale. Avec le goût et l’olfaction, déjà solidaires, peuvent entrer en jeu la vue, l’ouïe, le toucher… Par leur caractères distincts, les sens s’unissent d’autant mieux qu’ils s’opposent, se confondent d’autant plus qu’ils s’affirment dans leur singularité. Et on sait combien les représentations sociales vont intervenir dans ce qui ne sera plus la sensation mais le sentiment olfactif. Sentiment profond, diffus, chargé d’expériences et d’affects.

Esthétiquement, l’olfaction s’est étroitement liée aux chaines visuelles et auditive ; telle odeur, non perçue depuis de longues années, évoque brusquement des scènes ou des sons oubliés depuis l’enfance, on a pas le souvenir de l’odeur comme on peut avoir celui d’un événement mais la perception olfactive, précisément parce qu’elle met en mouvement des zones physiologiques étrangères à la réflexion, donne aux images réfléchies une profondeur et une densité considérable.*

* Pour aller plus loin lire « Evanescences, parfums et odeurs, de l’anthropologie à la communication. » Mai 2000.

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