C’est la fête dans les puyas…

C’est la fête dans les puyas…

 

« Parmi les invités aux fêtes du lilas, la Cétoine mérite mention très honorable. Elle est de belle taille, propice à l’observation. Si elle manque d’élégance dans sa configuration massive, carrément coupée, elle a pour elle le somptueux : rutilance du cuivre, éclair de l’or, sévère éclat du bronze tel que le donne le polissoir du fondeur. (…)

Qui ne l’a vue, pareille à une grosse émeraude couchée au sein d’une rose, dont elle relève le tendre incarnat par la richesse de sa joaillerie ? En ce lit voluptueux d’étamines et de pétales, elle s’incruste, immobile ; elle y passe la nuit, elle y passe le jour, enivrée de senteur capiteuse et grisée de nectar. Il faut l’aiguillon d’un âpre soleil pour la tirer de sa béatitude et la faire envoler d’un essor bourdonnant.

A voir, sans autre information, la paresseuse en son lit de sybarite, on ne se douterait guère de sa gloutonnerie. Pour se sustenter, que peut-elle trouver sur une rose, sur un corymbe d’aubépine ? Tout au plus une gouttelette d’exsudation sucrée, car elle ne broute pas les pétales, encore moins le feuillage. Et cela, ce rien, suffirait à ce grand corps ! J’hésite à le croire. »

Jean-Henri Fabre, Souvenirs entomologiques

 

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