Encore une fois le lilas est en fleur fin octobre à Nîmes…. Etrange… Est-ce bien « normal » ?
Et pourtant, on s’étonne de la floraison automnale du lilas mais pas de celle de l’arbousier, du romarin ou encore de l’oranger du Mexique…
En fait qu’est ce qui régit la mise à fleur ?
La floraison est un phénomène complexe… impliquant des facteurs génétiques, l’influence des facteurs du milieu (le climat notamment), l’existence de corrélations entre organes et de rythmes internes.
Un exemple pour illustrer cela : le pommier, d’origine tempéré, introduit dans en milieu tropical, dans des situations où le froid n’est plus un facteur limitant, garde son feuillage toute l’année et fleurit faiblement. Il est techniquement possible, mais difficile, de rétablir une floraison en pratiquant une chute des feuilles artificielle par la taille par exemples[1].
Depuis toujours l’homme s’intéresse au mode et dates de floraison des plantes, en particulier pour l’agriculture et le jardinage.
L’étude des rythmes de mise en place des feuilles, floraison, fructification, coloration des feuilles des végétaux a même un nom : « la phénologie ». Le terme vient du grec « phainen » / paraître et « logos » / étude. C’est donc l’étude de ce qui est apparent.
Mais bien avant d’être nommée et considérée comme une science vers la fin du XIX siècle, la phénologie se trouvait dans les cahiers des jardiniers et des naturalistes. Aussi loin que remontent les écrits on peut lire des témoignages de l’intérêt que portaient les civilisations anciennes au déroulement cyclique de la vie des plantes. Ils en tiraient des enseignements qu’ils dispensaient sous forme de proverbes.
En témoigne ce dicton grec « sème quand le grue émigre en Lybie ».
De 1880 à 1945, en France, les stations météo relevaient aussi les dates de retour des oiseaux migrateurs et la floraison des lilas. Puis la phénologie est tombée en relative désuétude à partir des années 1950… avant de connaître un net regain d’intérêt par les études d’Emmanuel Le roy Ladurie et à cause des changements climatiques, lesquels semblent avoir déjà fortement modifiés les rythmes des plantes et des animaux, notamment pour ces derniers des dates de migration.
Si voir des plantes fleurir « hors saison » étonne, ce phénomène n’a rien de nouveau. La floraison d’arbres et arbustes hors saison est un thème récurrent dans les traditions orales aussi bien que dans les récits hagiographiques.
Et les proverbes de jardiniers sont là pour en témoigner : Si l’arbre, en automne, fleurit une seconde fois, jusqu’en mai prochain durera le froid.
Une légende relate même qu’à la mort de Saint Martin (11 novembre), les aubépines (Crataegus monogyna) se couvrirent de fleurs au passage de la barque transportant son corps.
Mais qu’en est il pour le lilas (Syringa vulgaris) ?
Si le lilas fleurit en mai, il n’est pas rare d’observer en septembre une deuxième floraison.
Pour comprendre ce phénomène il faut observer comment le lilas pousse.
Ses premières pousses se développent au printemps, à partir de la fin mars. Ce développement est contrôlé par la température. Ensuite son allongement cesse obligatoirement en mai juin, et là quelles que soient les conditions extérieures (température, longueur du jour). En quelque sorte une entrée en dormance « autonome ».
Dès l’automne, les boutons floraux sont en place au sommet des rameaux, ils contiennent une inflorescence en réduction. Ce bouton floral reste en dormance tout l’hiver, à l’abri des écailles du bourgeon avant de s’épanouir au printemps suivant.
Dans certains cas des facteurs naturels comme la sécheresse peuvent lever la dormance des bourgeons. Ainsi peut on voir à la suite d’un automne particulièrement sec, certains arbres débourrer après une forte pluie. Et pour le lilas, dont les boutons floraux sont déjà en place, donner une petite floraison…
[1] Véronique Mure, 1986, «Phénologie de quelques arbres fruitiers et ornementaux transplantés hors de leur aire d’origine» Rev. Écol. TERRE et VIE, vol.41, 43p.
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