La truffe et la forêt, une façon de bien terminer l’année…

L’année 2011, année internationale de l’arbre et de la forêt se termine dans un temps « brouillasseux » mais néanmoins festif. C’est aussi l’époque de maturité et donc de consommation, de la truffe noire du Périgord, la truffe noble, qui s’associe si bien avec cette fin d’année. Le moment d’en reparler…

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Au début du XXème siècle, la France produisait, essentiellement par cueillette dans les boisements naturels ouverts, 1000 à 2000 tonnes de truffe noble (Tuber melanosporum).

La révolution industrielle, accompagnée d’un exode rural important, puis les deux guerres mondiales, vont vider les campagnes et faire disparaître de nombreux détenteurs du « secret » de la truffe. La production française chutera à 500 tonnes/an entre les deux guerres et à moins de 100 tonnes/an après la deuxième Guerre Mondiale.

Dans les années 1970, l’apparition sur le marché de plants mycorhizés de T. melanosporum va accélérer la mutation de la production de truffes. L’ère d’une possible culture sans faille de ce champignon semble arrivée, ce qui va relancer une dynamique de plantations. Malgré les progrès réalisés grâce à la recherche, les résultats ambitieux escomptés ne seront pas vraiment atteints. La production française continuera de chuter, pour se stabiliser entre 20 et 50 tonnes, essentiellement obtenues en plantations truffières grâce aux efforts des trufficulteurs du sud de la France.

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Dans le même temps, nous assistons à une profonde mutation des paysages ruraux du fait de la déprise sylvo-agro-pastorale amorcée au milieu du XXème siècle.

Une des conséquences de la déprise est l’extension des milieux forestiers qui posent d’autant plus de problèmes de gestion que ce phénomène s’accompagne de la disparition des activités traditionnelles qui s’exerçaient dans ces milieux (production de bois, cueillette, élevage…) et permettaient leur entretien.

Seules de nouvelles activités ou la relance d’activités traditionnelles rentables pour les exploitants peuvent permettre de maintenir ouverts des milieux qui se referment inexorablement.

La trufficulture (plantation de plants mycorhisés) mais aussi de la sylviculture truffière (restauration de truffières naturelles par ouverture du milieu) offrent un moyen d’entretenir et de valoriser les forêts. Au delà de l’amélioration des qualités paysagères et environnementales, ces terroirs bénéficient également de l’image véhiculée par la forte notoriété du produit. Les terroirs à truffes ont tous une image de terroirs de qualité.

stade pré-bois sylviculture truffière

Dés 1866, Bedel, conservateur des eaux et forêts à Avignon, promeut la sylviculture truffière comme un moyen de création et de gestion raisonnée des forêts.

Ses grands principes :

– Choisir une station ou micro-station favorable : système géo-pédologique (sol et sous-sol) drainant, aéré et fissuré, avec présence de calcaire, offrant une forte profondeur à la prospection racinaire (réserve en eau).

– Créer ou maintenir la phase « pré-bois »dans la dynamique de reforestation. Ce stade est favorable àla production de la truffe noble (Tuber melanosporum).

– Favoriser la croissance racinaire des arbres par des méthodes sylvicoles en privilégiant les arbres producteurs et ceux qui sont les plus vigoureux.

-Maintenir un couvert forestier ouvert (entre 40 et 60%) générant une décomposition rapide de la matière organique.

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Mais, pour sûr, la truffe c’est bien plus que des questions de techniques sylvicoles… comme en témoigne beaucoup d’écrits. Pline, déjà, parle avec passion de ce « miracle » de la terre… Mais pas que lui  :

res19569_1_p179« Qui dit truffe prononce un grand mot qui réveille des souvenirs érotiques et gourmands chez le sexe portant jupes, et des souvenirs gourmands et érotiques chez le sexe portant barbe (…). » Brillat-Savarin

« Vous avez interrogé les savants, leur demandant ce que c’était que ce tubercule, et après deux mille ans de discussion les savants vous ont répondu comme le premier jour : « Nous ne savons pas. » Vous avez interrogé la truffe elle-même et la truffe vous a répondu : « Mangez-moi et adorez Dieu. » Faire l’histoire des truffes serait entreprendre celle de la civilisation du monde, à laquelle, toutes muettes qu’elle sont, elles ont pris plus de part que les lois de Minos, que les tables de Solon à toutes les grandes époques des nations, à toutes les grandes lueurs que jetèrent les empires (…). » Alexandre Dumas

« Voulez-vous me dire à quoi sert la truffe si on ne la mange pas ? le Seigneur, dans sa grande sagesse, ne nous l’a pas offerte sur un plateau. Il faut la chercher, la trouver, l’accommoder. Le bonheur qu’elle procure est le fruit de nos efforts et de notre intelligence. La dédaigner, c’est lui faire offense. » Jean Amadou

Un signe amical à mon ami Alban Lauriac, du CRPF Languedoc Roussillon, grâce à qui j’ai tant appris sur la truffe et la sylviculture truffière…

Véronique Mure

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