Le ciel ne nous a, décidemment, laissé aucun répit ces dernier mois. Pluie, froid, canicule, orage, nous sont tombés dessus sans prévenir, pour nous laisser au final dans une grande confusion météorologique…

Alors, au milieu de ce désordre qu’en est-il de nos traditionnels dictons qui jalonnent l’année météorologique ? Peut-on toujours les croire, eux  qui sont nés des connaissances empiriques du monde rural, basées sur l’observation du ciel, l’aspect des nuages, le sens du vent… eux dont sont tirés des pronostics à brève ou moyenne échéance . Peut-on toujours s’y fier pour programmer les travaux d’automne au champ et au jardin ?

Que nous disent-ils en cette fin d’été ? Que septembre est traditionnellement le mois des vendanges Mais plus largement un mois de récolte. Un mois qui remplit les paniers. Un mois où tout abonde :

A la Bonne Dame de septembre, tout fruit est bon à prendre (8 septembre)

A la Sainte-Croix, cueille tes pommes, et gaule tes noix (14)

A la Saint Côme et Saint-Damien, on trouve des noix plein les chemins (26)

A Sainte-Emilie, Luzerne à pleine faucille (17)

Et à la Saint Michel la récolte des figues et des amandes doit être terminée ! Le surplus étant laissé pour le grappillage ou pour les oiseaux.

A la Saint Michel les amandes appartiennent à tout le monde (29)

A la Saint Michel les figues sont pour les oiseaux (29)

Mais la deuxième quinzaine de septembre est aussi le temps où commencent les labours et les semis, grâce aux premières pluies qui viennent réhydrater une terre desséchée par le soleil de l’été.

Tu peux semer sans crainte quand arrive la Saint-Hyacinthe (11 septembre)

Qui n’a pas semé à la Croix, au lieu d’un grain en mettra trois (14)

Sème tes pois à la Saint-Maurice, tu en auras à ton caprice. (22)

De Saint-Michel à la Toussaint laboure grand train (29)

Saint-Jérôme venu, sort ta charrue (30)

Le mois d’octobre, si la récolte des fruits est pratiquement terminée, les semailles, quant à elle, se poursuivent. Et il ne manque pas de dicton pour nous le rappeler :

Ne sème point à Saint-Léger si tu ne veux point de blé trop léger (2 octobre), sème au Saint-François, il te rendra grain de bon poids (4 octobre) mais n’attends pas la Saint-Bruno, ton blé serait abruné (6 octobre).

Quand arrive la Sainte-Fleur, pour aller au verger, ce n’est plus l’heure (5)

Coupe ton chou à la Saint-Gall, en hiver c’est un vrai régal (16)

A la Saint Luc sème dru ou ne sème plus (18)

Novembre, enfin, marque une césure dans les travaux des champs et du jardin. Toutes les récoltes sont rentrées, et ce qui reste est encore une fois, laissé au grappillage

A la Toussaint blé semé, aussi le fruit enfermé (1^er novembre)

A la Toussaint, ce qui reste (dans les champs) est pour le passant. (1^er novembre)

La Toussaint venue, quitte la charrue (1^er novembre)

A la Saint-Ernest, abats les pommes qui te restent. (7)

A la Saint-Léon, mets tes artichauts en monts. (10)

S’il pleut à la Sainte-Marguerite, les noix seront rentrées bien vite. (16)

Passé la Saint-Clément, ne sème plus de froment. (23)

Mais toutes les taches du jardinier ne sont pas terminées, on le sait. Il est temps pour lui de planter les arbres à racines nues et de se livrer à d’autres menus travaux :

A la Sainte-Catherine, tous bois prend racine (25)

Pour la Sainte Catherine, fais de la farine, car pour Saint-André, le bief sera gelé.

Mais à la Saint André (30), la terre retournée, le blé semé, il peut neiger !

Bien sur, ces dictons basés sur une date fixe n’ont guère de fiabilité, avec ou sans changement climatique, mais leur présence dans notre calendrier de jardinage reste un repère, une tendance, une mémoire collective dont on ne se lasse pas… Et puis ne négligeons pas que la météorologie populaire a été, jusqu’à la fin du 19e siècle, le seul outil de prévisions dont disposait le monde agricole.