Adieu au grand chêne.

Adieu au grand chêne.

Partir, changer de lieu, déménager…

Mais comment déménager un paysage ? Un jardin ? Un arbre ? Je n’ai pas de réponse à ça. Nos chemins vont donc se séparer là. Chacun suivant le sien de son côté. Avec un millier de photos en souvenir. Avec une infinie tristesse en poche et quelques boutures aussi. Des iris, des roses et bien d’autres choses encore… Mais le nouveau jardin qui va les accueillir est si petit ! Il faut donc dire adieu aux arbres, aux fruitiers du verger, aux figuiers, au tilleul, au noyer, aux sureaux des haies… Et dire adieu au grand chêne !!! Dire adieu à ce verger-jardin qui depuis plus d’une dizaine d’années malmène notre dos mais apaise notre âme. Dire adieu aussi à ce paysage et son envoûtante beauté. Confirmation, si besoin était, qu’un jardin n’est pas qu’une somme de plantes mais bien plus que cela. C’est un lieu avant tout, un esprit du lieu, une histoire, un point de vue, des printemps et des automnes, des couleurs, des sons et des odeurs, des oiseaux, et des lapins aussi… et tout cela ne s’emporte pas si ce n’est au fond de son cœur.

S’en est fini de cette belle histoire, il est temps de boucler les derniers cartons, les dernières valises et de dire adieu à la Bigotie.

Tout sera allé si vite… Je ne suis pas sûre d’être prête. Pas sûre de ne rien oublier. Pas sure d’avoir dit au revoir à tout le monde, à tous nos amis, à toutes les personnes qui ont suivi avec un regard si bienveillant notre aventure périgourdine, à tous nos hôtes de passage avec qui nous avons partagé des petits déjeuners toujours plein de passions qu’elles soient jardinière, politique, historique, gourmande et que sais-je encore.

Dire adieu au jardin, au grand chêne et partir. En se retournant une dernière fois bien sur. Partir avec un bout de ce pays en poche mais en laissant aussi un peu de nous ici.

Partir, pour aller ailleurs… Retrouver la garrigue, ses cailloux, ses chênes, d’autres chênes… et ses oliviers. Et recommencer…

Véronique Mure

« Il est de certains êtres comme de certains pays, on n’en revient pas. Longtemps après les avoir quittés, leur paysage et leur langue nous habite encore. » C. Authier

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Ils sont 3 commentaires

  1. Catherine D

    Enfin, c’est sorti…
    Ma mère ne voulait pas de chats, pas d’amis, (pas d’amour ?) de peur de souffrir, des séparations elle en avait connues, et des douloureuses.
    Du coup elle a privé ses enfants de chats, d’amis… et d’amour.
    Doit-on s’attacher aux choses, aux lieux, aux êtres et accepter de souffrir ?
    Souffrir, c’est aimer, et être aimé.
    Aime donc et souffre donc, ne te retourne pas trop; tu reverras ton chêne, il t’aidera à cultiver les oliviers: nous ne sommes plus en guerre contre les Anglais !
    Dans le jardin d’immeuble où nous avons vécu 30 ans, où ma fille est née, que mon fils a visité à 4 pattes, il y avait un hêtre pourpre que nous avons vu grandir, de freluquet il est devenu vénérable, je ne sais pas, mais dans les 20 mètres de haut, peut-être plus, il entrait presque par les fenêtres de notre étage.
    Quand j’ai dû vendre et partir, il était question de l’abattre, par sécurité,surtout par crétinisme aigu! je n’y retournerai jamais, j’ai planté un hêtre pourpre ici…
    Je souhaite longue vie au chêne de la Bigotie !
    Et vous je vous souhaite beaucoup d’amour….
    Je vous embrasse très fort
    Allez allez, file dans tes cartons !!!

  2. François

    De ma chambre de jeunesse au premier étage, je donnais directement dans le feuillage d’un hêtre pourpre énorme, le tronc faisait…quelques mètres…A son pied, fait de racines rondes et bossues, tant de camps romains, de batailles, de roulements de billes…Au moment du départ, je n’ai pas pu m’empêcher de grimper dans la ramure, et de déposer dans un creux un petit troll en argent que j’avais rapporté de Norvège…Je me rassure à chaque fois que j’y pense en me disant qu’il y est encore…

  3. Anne-Marie de M

    Chère Véronique
    Comme le dit une vieille chanson que j’aime: « Il est un jardin ,perdu au fond de ma mémoire,un jardin bleu quand vient le soir ,un jardin que j’ai tant aimé… »
    Nous quittons les lieux aimés ,crées, mais eux ne nous quittent pas,ils continuent à faire partie de nous , de nos souvenirs ils deviennent des repères, des jalons qui nous permettent de passer à autre chose.Je suis sure que le chêne de la Bigotie continuera à vous abriter de son ombre bienveillante, que les saveurs acides et douces des pommes et figues du verger seront inscrits au vocabulaire du goût et des odeurs ,bref que « l’âme » de la Bigotie sera cette poussière collée aux semelles et que l’on sème ensuite partout où la vie nous mène.
    Je vous embrasse
    Que la vie vous soit néanmoins douce .


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