Au mois de mai cueillons la rose…

Au mois de mai cueillons la rose… ainsi pourrait s’ouvrir un poème, peut être d’ailleurs en existe-t-il un qui commence ainsi… On a tant écrit sur le sujet, tant peint, tant dessiné…

La plus vieille représentation d’une rose a été découverte à Knossos, en Crète, sur la fresque de « l’oiseau bleu », datant probablement du 18ème siècle avant J.-C.

La rose est une fleur qui ne nous laisse pas indifférent. C’est même, semble-t-il, notre fleur préférée, la plus présente dans notre environnement, fleur de jardins privés ou publics, plante en pot ou fleur coupée… à choisir parmi 20.000 cultivars de rosiers horticoles !!!

Mais, dans la nature, seulement 150 espèces botaniques composent le genre Rosa, ou à peu près, dont Rosa canina, la rose des chiens, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler. Et seules sept à dix espèces ont été utilisées pour créer ces milliers de roses horticoles.

Rosa canina
Rosa canina

En France, vers l’an 800, la rose est déjà sur la liste des 90 plantes et arbres fruitiers dont la culture est recommandée par Charlemagne dans les jardins de l’empire, dans son capitulaire De villis vel curtis imperialibus (Des terres et cours impériales). En première place !

Mais ce n’est qu’avec l’introduction de R. gallica ‘officinalis’, ou ‘Rose des Apothicaires’, ramené au XIIIème siècle par Thibault IV de la Terre Sainte, que la culture du rosier débuta véritablement dans l’hexagone.

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Rosa gallica officinalis

Cette rose, hybride naturel soupçonné de R. gallica et R. moschata, était déjà célèbre sous d’autres cieux. Les Romains en confectionnaient des couronnes et des guirlandes de pétales, en jonchaient le sol, en remplissaient des coussins… Ils en utilisaient de telles quantités que sa culture devint localement une activité économiquement importante et que Rome devait même en importer d’Égypte.

Symbole de discrétion à Rome, de vertu en Extrême-Orient et de silence en Egypte…hommage à Harpocrate, dieu du silence… Suspendue au dessus des invités lors des banquets romains, elle les invitait à garder secrètes les paroles échangées « sous la rose ».

Et avant d’être la plante la plus populaire des jardins, cette rose était utilisée pour son parfum et ses propriétés comestibles. On la cultiva à Provins, d’abord pour ses vertus médicinales et qu’ensuite pour ses qualités ornementales.

Quelques siècles plus tard, c’est grâce à la passion pour les roses de l’Impératrice Joséphine que leur obtention en France et leur diffusion dans le monde entier connurent un véritable succès. Dans son jardin de la Malmaison, elle introduit une très importante collection d’espèces botaniques et variétés horticoles de rosiers, Elle réunit alors jusqu’à deux cent cinquante variétés, la quasi-totalité des roses connues à l’époque, ainsi que d’éminents spécialistes dont le peintre Pierre-Joseph Redouté, le « Raphaël des fleurs » dont on connaît le travail qui naîtra de cette rencontre.

Ainsi, à la fin du XVIIIème siècle et à l’aube du XIXème, les premiers rosiéristes et obtenteurs de roses s’installèrent autour des collections de la bourgeoisie et des jardins du roi.

On peut même dire que grâce à l’impulsion donnée par l’Impératrice Joséphine, la France sera le pays de référence pour les roses tout au long du XIXème siècle.

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Depuis, cet engouement pour les roses ne s’est jamais démenti. La rose est aujourd’hui la première espèce ornementale par ordre d’importance économique, on l’a dit. Mais sait-on que la superficie des cultures de roses pour la fleur coupée dans le monde est supérieure à 5000 ha, soit 25 % des surfaces de l’ensemble des fleurs coupées ? Et que l’achat de rosiers de jardin et de rosiers miniatures représente 40 % du total du marché des plantes ornementales.

Mais qu’est ce qui nous plaît tant chez elles ?

Leur parfum semble un de leurs caractères les plus appréciés.

La preuve en est qu’à tous les stades de la domestication, le parfum a constitué un caractère extrêmement important de la rose cultivée. La fragrance des roses se trouvant concentrée dans les pétales, le processus qui conduit à la multiplication des pièces florales (les roses botaniques étant le plus souvent à fleurs simples avec cinq pétales), entraîne de fait une augmentation du caractère parfumé des fleurs.

Ainsi, Rosa gallica ‘officinalis’, variété de Rosa gallica à fleurs doubles (plus de 10 pétales) utilisée pour ses propriétés médicinales depuis le moyen-âge, est plus parfumée que son ancêtre à fleurs simples.

A l’inverse la fragrance de nombreux rosiers semble avoir été perdue au cours des étapes récentes de la domestication, le parfum n’étant pas toujours compatible avec d’autres caractéristiques comme, par exemple, une couleur rouge intense et la résistance au champignon « botrytis ».*

Si nous n’avons pas le parfum, nous pourrons quand même nous consoler avec la couleur… Les spécialistes nous l’annoncent : Symbole de fraîcheur, de douceur, d’innocence, le rose acidulé sera la « it couleur » de l’été 2012.

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J’ai une telle conscience de ton
être, rose complète,
que mon consentement te confond
avec mon coeur en fête.

Je te respire comme si tu étais,
rose, toute la vie,
et je me sens l’ami parfait
d’une telle amie.

Rainer Maria Rilke

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Il est 1 commentaire

  1. Catherine D

    Ton article me laisse sans voix… devant mon amie la rose, je suis un peu stupéfaite, depuis une visite chez André Eve à Pithiviers il n’y a pas si longtemps (et le jardin de Roquelin) ! je connaissais si mal les roses, juste les hybrides de ma mère qui poussent assez mal chez moi.
    Alors, il me reste tant de choses et de roses à découvrir, quel bonheur !
    Bises
    ps: Tes photos sont splendides


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