Ellébore (Colette)

Ellébore (Colette)

Ellébore

« …Elle ne ressemble pas à la rose, pas même à la petite églantine émue et rougissante, sinon qu’elle a cinq pétales, comme tout le monde.

… On l’appelle rose de Noël. Une bonne neige pas trop poudreuse et des nuits d’hiver où passe le souffle d’ouest, voilà qui convient à l’ellébore.

…Promises, inattendues, précieuses, prosternées mais bien vivantes, les ellébores hivernent. Tant que la neige les charge, elles restent fermées, ovoïdes, et sur l’extérieur de chaque pétale bombé une trace vaguement rosée, semble seule indiquer qu’elle respirent. Le robuste feuillage en étoile, la raideur des tiges, autant de caractères par lesquels toute la plante proclame sa persistance émouvante.

Cueillie, ses coquillages sensibles desserreront leurs joints à la tiédeur d’une chambre, délivrant la houppe des étamines jaunes, heureuses de vivre et de diverger….Et si je vous assure chez moi l’eau jusqu’à la gorge, la lumière jusqu’aux cils, vous pouvez dormir le reste de vôtre sommeil pudique, puis périr ainsi que l’a décidé la main humaine, alors que la chaude neige eût pu, ellébore, vous tenir encore en vie « 

Colette – « Pour un herbier. »

Colette « Pour un Herbier » – Edition Hors du commerce, 1953

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