Sous le feu de la férule

Sous le feu de la férule

Qui n’a pas remarqué au printemps, la haute inflorescence des férules (Ferula communis), ces grandes Apiacées qui maillent d’un jaune vert légèrement acidulé les strates herbacées garrigues calcaires du Midi.

L’axe de l’inflorescence peut atteindre deux mètres. Et, fait particulier, une fois séché il est d’une grande solidité tout en étant très léger car empli d’une moelle spongieuse.

Inflorescence de férule commune (Ferula communis) ©vmure

Pour Pline aucun « bois » n’est plus léger, aussi en fait-on des bâtons faciles à porter pour les vieillards 1 . Utilisés comme bâton pastoral par les bergers, ils pouvaient s’en servir également d’attelle pour consolider une patte cassée. Mais en juin, s’ils n’étaient pas encore partis en montagne avec leur troupeau, ils coupaient les feuilles pour éviter que les bêtes n’en mangent, car cela les rendait malades 2 . L’ethnologue Max Caisson attire notre attention sur cette ambivalence de la férule qui fait écho à l’ambiguïté de sa valeur symbolique telle qu’elle apparaît dans les mythes grecs anciens 3 .

En ce jour où la flamme olympique est allumée souvenons-nous du mythe de Prométhée apportant sur terre le feu qu’il avait dérobé aux forges d’Héphaistos, dissimulé au coeur d’une tige de férule 4 . Un mythe qui fait couler beaucoup d’encre. En effet, nombreux sont ceux qui testèrent en vain la férule pour le transport du feu…

L’expression « être sous la férule de… » évoque, quant-à-elle, le temps où les maîtres corrigeaient les élèves à coup de férule… Une pratique semble-t-il déjà répandue dans l’Antiquité lors des fêtes du culte de Dionysos, au cours desquelles les prêtres frappaient les spectateurs en état d’ivresse avec des tiges de férule, tout en étant assuré de ne pas les blesser. Châtiment ou mascarade ?

La férule n’a pas fini de nous livrer tous ses secrets…

Férule commune ©vmure
Férule commune en bouton ©vmure

1 Pline, Histoires naturelles, livre XIII, chap XLII.

2 Bergers en Méditerranée_2eme_partie_vie_pastorale_patrimoine_animal.pdf

3 Max Caisson, ethnologue, IDEMEC, Université Aix-Marseille I in : Ethno_Salagon_2012_551b_Rapport.pdf

[4] Baumann H., Le bouquet d’Athéna, les plantes dans la mythologie et l’art grecs, La Maison Rustique – Flammarion, 1984

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