Deux ou trois petites choses sur les Apiaceae

Deux ou trois petites choses sur les Apiaceae

Indispensables condiments, légumes-racines mais aussi plantes-poisons ancestrales, ou encore valeurs sûres de nos jardins méditerranéens, les Apiaceae  nous accompagnent fréquemment. 

Persil, coriandre, aneth, cumin, cerfeuil, maceron, carotte, céleri, panais, berces, ciguë, férule, buplèvre ligneux, criste marine, panicauts, séseli, laser de France ou laser odorant, orlaya à grandes fleurs… ont tous en commun cette inflorescence en ombelle, ou plus fréquemment en ombelle d’ombellules, propre à cette famille dont elles tiraient autrefois leur nom : les Ombellifères. 

Les Apiacées présentent une telle unité et une telle individualité au sein des Angiospermes,nous dit Maurice Reille, qu’elles se suffisent à elle-même…

C’est une famille immense et cosmopolite. Avec 428 genres et 3 800 espèces actuellement dénombrés, c’est une des plus importantes familles d’Angiospermes (Plantes à fleurs). Elle arrive juste après les Orchidaceae, les Asteraceaeet les Fabaceae.

Le genre type est Apium, le céleri ou l’ache.

Leur type biologique est principalement herbacé. On les trouve le plus souvent en régions tempérées, froides et méditerranéennes.

L’organisation des fleurs en ombelle paraît bien adaptée à leur pollinisation entomophile. Les insectes, mouches, abeilles et papillons non spécialisés, sont attirés par le nectar sécrété à la surface de chaque fleur. Celles-ci, en général petites, possèdent 5 pétales libres, blancs ou jaunes, parfois verdâtres ou rosés.

L’axe de l’inflorescence, souvent cannelé et creux, peut atteindre de grandes dimensions (grande berce, férule, peucédan, angélique).  Un fois séchés, il est  d’une grande solidité et très léger à la fois. 

Il en est ainsi des tiges de férule (Ferula communis). Pour Pline aucun bois n’est plus léger; aussi on en fait pour les vieillards des bâtons faciles à porter[1]. Utilisés comme bâton pastoral par les bergers, ils pouvaient s’en servir également d’attelle pour consolider une patte cassée. Mais en juin, s’ils n’étaient pas encore partis en montagne avec leur troupeau, ils coupaient les feuilles pour éviter que les bêtes n’en mangent, car cela les rendait malades[2].L’ethnologue Max Caisson attire notre attention sur cette ambiguïté de la férulequifait écho à l’ambiguïté de sa valeur symbolique telle qu’elle apparaît dans les mythes grecs anciens[3], en particulier celui de Prométhée apportant sur terre le feu qu’il avait dérobé au ciel, dissimulé dans une tige de férule[4]. On se souviendra également de l’expression « être sous la férule de… », venue d’un temps où les maîtres tapaient sur les doigts des élèves désobéissants avec une tige de férule… 

Les feuilles des Apiaceae, dont la base est engainante, peuvent être, elles aussi, très grandes. Elles sont dans la majorité des espèces, composées et découpées en lanières parfois très fines (fenouil, férule, aneth). Elles peuvent également, chez les buplèvres, être réduites à la gaine qui imite alors un limbe à nervation parallèle[5].

Les organes végétatifs sont dotés de canaux sécréteurs de gomme-résine ou d’huiles essentielles à l’odeur pénétrante qui constituent pour la plante une protection contre les herbivores. Pour autant, les arômes de certaines Apiaceae, tels que l’anis et/ou le fenouil, sont appéciés des Hommes… J’en veux pour preuve la longue histoire des anisés en méditerranée, à lire ici.

Au delà du goût et de l’odeur, certaines Apiaceae peuvent aussi provoquer de graves lésions au contact avec la peau, notamment en été. La grande berce (Heracleum sphondylium) est bien connue pour cela, un peu moins le panais urticant (Pastinaca sativa L. subsp. urens ) que l’on rencontre pourtant souvent en chemin (voir plus de détails ici).

Les fruits, secs, des akènes groupés par deux, des di-akènes, sont parfois munis d’ailes et disséminés par le vent, parfois ornés d’épines ou de crochets qui s’attachent au pelage des animaux. Leur structure est déterminante pour l’identification des espèces.

L’appareil souterrain est puissant, jouant le rôle d’organe de réserve. Mais si la racine des carottes en est l’exemple le plus couramment cité, il ne faut pas oublier que celles qui se retrouvent aujourd’hui dans nos assiettes sont le produit « d’améliorations » variétales que l’homme n’a eu de cesse de faire évoluer depuis au moins le moyen âge (XIe siècle).

Toutes ces caractéristiques en font assurément des plantes précieuses dans les jardins méditerranéens, peu gourmandes en eau grâce à leurs racines puissantes et leur feuillage adapté, très attractives pour les insectes notamment en été où les fleurs sont rares. Ainsi le Buplèvre ligneux (Bupleurum fruticosum), le Criste marine (Crithmum maritimum), les panicauts (Eryngium sp), la férule (Ferula communis),  voir même le fenouil (Foeniculum vulgare) sont-ils bienvenus dans les massifs économes en eau.

Buplèvre rigide – Bupleurum rigidum -Apiaceae @VMure
Buplèvre ligeux – Bupleurum fruticosum -Apiaceae @VMure
Buplèvre ligeux – Bupleurum fruticosum -Apiaceae @VMure
Buplèvre ligeux – Bupleurum fruticosum -Apiaceae – Bastia @VMure
Criste marine – Crithmum maritimum –Calanques de Marseille @VMure
Criste marine – Crithmum maritimum @VMure
Panicaut, Eryngium maritimumApiaceae – Ile d’Aix ©Mure
Thapsie – Thapsias villosa – Apiaceae ©Mure
Carotte sauvage – Daucus carota Apiaceae – Jardin des migrations @VMure
Carotte sauvage – Daucus carota – Apiaceae @VMure
Carotte sauvage – Daucus carota – Apiaceae @VMure
Seselie – Apiaceae ©VMure
Berce spondile Heracleum sphondylium – La Vallée @VMure
Grande Berce du Caucase Heraclum mantegazzianum – La Vallée @VMure
Apiaceae ©VMure
Panais urticant – Pastinaca sativa L. subsp. urens – Périgord ©VMure
Férule, Ferula communis – Apiaceae ©VMure
Férule, Ferula communis – Apiaceae ©VMure
Foenouil – Foeniculum vulgare – Apiaceae @VMure
Foenouil – Foeniculum vulgare – Apiaceae @VMure
Foenouil – Foeniculum vulgare – Apiaceae @VMure

[1]Pline, Histoires naturelles, livre XIII, chap XLII.

[2]Bergers en Méditerranée_2eme_partie_vie_pastorale_patrimoine_animal.pdf

[3]Max Caisson, ethnologue[3], IDEMEC, Université Aix-Marseille Iin : Ethno_Salagon_2012_551b_Rapport.pdf

[4]Baumann H., Le bouquet d’Athéna, les plantes dans la mythologie et l’art grecs, La Maison Rustique – Flammarion, 1984 

[5]https://www.plantes-botanique.org/famille_apiaceae

[6]Noël B.,Nouvelles confidences sur l’absinthe, Ed. Cabédita, 2003

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