Quand les formes végétales inspiraient la médecine : la Théorie des Signatures

C’est un médecin suisse, Paracelse, qui rend célèbre, au XVIème siècle « la théorie des Signatures ». Pour lui, la plante témoigne d’un message d’ordre divin, message porté par sa morphologie.

« Tout ce que la nature crée, elle le forme à l’image de la vertu qu’elle entend y attacher »

En résulte une médecine par analogie, dont la Mandragore sera le végétal emblématique.

tacuinum_sanitatis_mandrake_dog

Tacuinum sanitatis, mandragore

La mandragore, qui existe sous plusieurs espèces autour de la Méditerranée, présente une grosse racine, comme un navet, où l’on peut voir une analogie femelle, elle ne vaut alors pas grand chose, ou mâle, son prix augmente, ou encore, si elle s’est dédoublée et qu’on puisse y voir les exploits d’un couple, son prix atteint des sommets.

Le dictionnaire de Dupinet de Vorepierre (1864) définit la signature des plantes comme une particularité de conformation ou de coloration, d’après lesquelles on les jugeait convenables dans telle ou telle maladie.

Ainsi l’anémone hépatique était réputée soigner le foie puisque sa feuille est lobée et que son revers a une couleur comparable, avec un peu de bonne volonté, à celle de cet organe.

.

Le suc de carotte était sensé être souverain contre la jaunisse et la pulmonaire bonne pour les poumons au vu des marbrures de ses feuilles.

ophrys frelon

Ophrys frelon

Les racines des orchidées sauvages, dont la forme n’est pas sans évoquer les organes génitaux de l’homme (en grec orchis signifie testicule), promettaient, bien sur, de restaurer la puissance et le désir sexuels…

La vipérine, avec sa tige tachetée ou encore de la forme en V de ses graines qui peuvent rappeler une tête de vipère, était efficace contre les morsures de serpent. Vipère, venin, forme en V; la bienfaisance de la plante est évidente… Et les piquants de ses tiges furent une preuve de plus.

noix-gp5
Cerneau de noix

Ou encore la noix, avec ses cerneaux si ressemblants aux méandres du cerveau humain, fut toute désignée pour agir sur ses affections.

On le voit, c’est donc une similitude de forme, contour et couleur, qui va servir d’indicateur pour une vertu thérapeutique.

.

Quelques fois ce sont les conditions du milieu où vit la plante qui vont faire foi.

Le saule par exemple, de part ses capacités à vivre dans des zones humides, les pieds dans l’eau, devait certainement soigner les maladies provoquées par ce milieu, fièvres et rhumatismes… Le plus troublant est que cet usage a été confirmé par la science moderne en découvrant dans le saule de l’aspirine, dont elle est même un des principaux constituants

La nature est riche de tous ces exemples qui, utilisés empiriquement, ont avec les progrès de la science, livré leurs mystères …

Véronique Mure

Article publié dans le Bufarot, journal culturel d’information du canton de Monpazier

Vous aimerez aussi

Il n'y a pas de commentaires