Connivences méditerranéennes

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Connivences méditerranéennes

 

« L’aridité du sol méditerranéen ne constitue pas une malédiction. Il convient à la beauté d’un tel paysage. Un peu moins sec, il s’affadirait, il fondrait dans une redoutable tendresse. Il perdrait sa rudesse inhabitable, indocile au labour, à la main de l’homme, à ses soins intéressés. Non, cette terre jamais n’enfantera : n’attendez pas d’elle de joyeux poupons, de fructueuses récoltes. Aussi stérile qu’une ville, mais sans que cette stérilité soit un accident de l’histoire, un concours de circonstances (…) Par miracle, une végétation encore plus têtue et aussi sèche qu’elle surgit de-ci de-là. Ces plantes ont autant d’orgueil que la terre où elles sont entrées comme par effraction. Elles ne demandent rien. Elles ne gémissent pas sous le vent. Elles ne quémandent pas l’eau dont elles manquent. Elles ne postuleront pas une place d’honneur dans un quelconque concours horticole.

Quand cette terre s’amasse, elle prend la forme d’éboulis. Nous les devinons instables. Nous pressentons qu’ils ont interrompu, pour quelques millénaires, leur course et qu’ils la reprendront, quand bon leur semblera (…)

Ce ne sont plus des bottes mais des espadrilles qu’il faut chausser afin de mieux rebondir et pour danser capricieusement de roc en roc. Marcher sur cette terre procéderait d’une extrême et condamnable inconvenance. En outre, ce serait risquer de perdre l’équilibre en boitillant ou en heurtant un caillou, une plante plus vivace et plus maligne. Pour qui possède le génie de ces lieux, ce sol est le plus bienveillant et le plus inspirant qu’il soit. »

 Les pierres songent à nous. Pierre Sansot – Editions Fata Morgana

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