Des fusains au bout du chemin.

Des fusains au bout du chemin.

Décembre.

Presque plus de fleur, plus beaucoup de fruit, les feuilles envolées… les occasions de trouver de la « couleur » dans le jardin se réduisent à peau de chagrin, au fur et  à mesure que les journées raccourcissent.

Sauf que… au détour d’un chemin, éclatants au milieu d’une haie, les fusains donnent du rouge à volonté, ou du rose quelques fois. Des fusains d’Europe, Euonymus europaeus, comme parés pour Noël, couverts de bouquets pendants de fruits écarlates en forme de bonnet d’évêque.

Il semble que les oiseaux, grives et rouges-gorges notamment, en soient friands malgré la toxicité de toute la plante. Peut être que, comme chez l’if, l’arille qui les enveloppe (ici une arillode) n’est pas si toxique ? Pour les oiseaux s’entend, car pour les hommes c’est loin d’être la cas. Par chance, J.L.M. Dorvault dans son répertoire général de pharmacie pratique de 1898 le souligne, les fruits ont un goût âcre et nauséeux ! Alors on ne s’y risquera pas ! Pline, lui aussi, nous avait averti : l’exhalaison désagréable des ses fleurs signale déjà ses vertus funestes ! Les feuilles, quant à elles, font tout simplement mourir les bestiaux. Ce qui explique que les bergers, bien avisés, en tiennent leurs troupeaux éloignés.

Voilà une espèce qui devait se trouver dans le jardin des poisons du Moyen-Age !!!!

Faut il rapprocher son nom d’Evonymus, fils d’Uranus et de Gée, du ciel et de la terre ? A moins que ce soit d’Evonyme, mère des Parques, ces trois fileuses déroulant sans arrêt au gré de leurs fuseaux le fil de notre vie, et mère des Furies, divinités des enfers chargées d’exécuter sur les coupables la sentence des juges !  Euonymus, le bien nommé ?

Il est quand même une qualité à laquelle son nom est associé. C’est le noir très profond de son bois carbonisé qui fait toute sa réputation. Un charbon sec et très léger, utilisé depuis des siècles par les artistes pour dessiner, ébaucher, esquisser… Facile à effacer ! Mais, réduit en poudre, voilà ce charbon lui aussi de funeste usage, poudre à canon ou poudre de chasse…

Son nom nous révèle encore une autre utilisation de son bois. Un bois aux fibres résistantes. Fusain, fusus en latin, rappelle les fuseaux qu’il servait à fabriquer. Ces petits instruments, pointus aux deux extrémités, renflés au milieu, utilisés par les femmes pour tordre et enrouler le fil lorsqu’elles filaient à la quenouille… Des filles d’Evonymes ?

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