Le froid est arrivé dans le jardin. Le jardinier prévoyant a protégé les plantes les plus fragiles. Néanmoins les plantes n’ont pas toujours besoin de nous car d’elles-mêmes elles développent d’astucieux systèmes de protection.
Avez vous déjà observé les différentes stratégies qu’elles utilisent pour passer la « mauvaise » saison ?
Un botaniste danois, Christen Christiansen Raunkiær (1860 – 1938) a étudié ces mécanismes et en a même fait une classification, connue sous le nom de « classification de Raunkiaer ». Une classification fondée sur la façon dont les végétaux s’organisent pour passer la mauvaise saison, et plus précisément fondée sur la position hivernale des bourgeons. Les écailles qui forment les bourgeons protègent les méristèmes contre le froid principalement, leur permettant, ainsi enveloppés, de passer l’hiver en dormance.
Cinq grands types biologiques (et même un peu plus…) ont été décrits par Raunkiaer :
Les annuelles (Thérophytes) qui passent la mauvaise saison à l’état de graine tout simplement. Coquelicots, cosmos, nigelles bouclent ainsi leur cycle de vie en quelques mois. Ne subsistent, à l’entrée de l’hiver, que les graines qui germeront l’année suivante.
Les Géophytes passent la mauvaise saison sous terre, à l’état de bulbe, tubercule ou rhizome ; Narcisses, tulipes, crocus et autres liliacées sont de ceux là.
Les Hémicryptophytes, quant à eux, gardent leurs bourgeons hivernaux au ras du sol, la plante passant l’hiver sous forme de rosette ou de touffe. C’est le cas de nombreuses de nos salades sauvages.
Les Chamaephytes regroupent les arbustes avec des bourgeons dormants aériens à moins de 50cm de la surface du sol, thym, romarin, sauges, lavande…
Enfin, les Phanérophytes, tous nos arbres, avec des bourgeons dormants aériens à plus de 50cm de la surface du sol.
Les types biologiques de la classification de Raunkiaer : 1-Phanérophyte, 2/3-Chaméphyte, 4-Hémicryptophyte, 5/6-Géophyte
Tout comme les végétaux, les animaux adoptent également différentes stratégies pour passer l’hiver. La migration en est une, tout comme l’hibernation. Parmi les animaux du jardin qui hibernent certains se fient à la température, comme le hérisson qui s’endort dès l’apparition du froid, d’autres, les serpents par exemple, se fient plutôt à la durée du jour.
Et puis l’hibernation n’est pas la même pour tout le monde. Le hérisson, le loir ou le lérot se réveillent pour chasser ou manger leur réserve tandis que les chauve-souris vont rentrer en hibernation totale pour ne se réveiller qu’au printemps. Elles supporteront même très mal un réveil accidentel, tant leur sommeil est profond et l’énergie consommée par le réveil importante.
Pour les animaux restant actifs en hiver, gel et neige peuvent parfois être meurtriers. C’est souvent le cas pour les petits oiseaux du jardin. Mais vous pouvez leur venir en aide, à condition de se limiter strictement à ces jours de grand froid. Sans quoi l’animal, par nature économe en geste, ne rechercherait plus sa nourriture ailleurs et deviendrait complètement dépendant de votre aide. Il faut également s’adapter à chaque espèce. Si les moineaux et les rouges-gorges vont se jeter sur les miettes de pain et les petites graines, les mésanges préféreront de la graisse et des graines de tournesol et dans des endroits en hauteur, où elles seront plus en sécurité, alors que les rouges-gorges et les merles préfèreront se nourrir au sol. Mais paradoxalement, c’est du manque d’eau que les oiseaux peuvent le plus souffrir, les points d’eau qui leur sont les plus accessibles étant souvent gelés. Pensez alors à leur laisser de petites coupelles peu profondes, que vous alimenterez en eau régulièrement.
Les habitants du jardin passeront ainsi l’hiver confortablement.
Article paru dans le Bufarot de l’hiver 2012.
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