Où il est encore question du figuier.

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Où il est encore question du figuier.

 

Une figueraie, un verger de figuiers, peuplé de variétés locales.

Des figuiers étalés aux abords des jardins et des habitations, en compagnie du mûrier et du sureau protecteur. Et la seule présence de ces arbres suffit à nous rendre le paysage familier et aimable. Un langage à la fois universel et intime.

Des figuiers donc. Ficus carica, arbres civilisateurs par excellence.

Des figuiers comme une porte ouverte sur les paysages vernaculaires d’un bout de territoire.

Comme un livre ouvert sur des histoires d’arbres, et au delà sur l’histoire de ces paysages et de leurs habitants.

Et l’envie de reconter des histoires de figuier, depuis le figuier du paradis, ceux des jardins antiques autour de la Méditerranée, les jardins fondateurs, jusqu’aux figuiers du sentier des Lauzes dans cette petite vallée cévenole. Des histoires de figues, ces figues qui s’offrent et ne se vendent pas, pas plus qu’elles ne s’exportent selon Solon, le grand législateur d’Athènes à la fin du VIe siècle BC. Ce n’est donc pas sans fondement qu’on a dit qu’autrefois il était défendu d’exporter des figues de l’Attique, et que les délateurs de ceux qui en avaient exporté étaient appelés sycophantes. (de σῦκον / sũkon, «figue », et de φαίνω / phaínô, « découvrir »).

« Des figues il y en avait une assiettée sur la table et on en remplissait les paniers, pour les donner au marché, en plus du légume vendu. »

(Robert Lafont, Les chemins de la sève, 2010 in J.Ubaud)

Pierre Joseph Redouté fin XVIIIe

Pierre Joseph Redouté fin XVIIIe

Des figues de toutes variétés. Caton en connaissait 6 et Pline, deux siècles plus tard, en recensait 29.

Des figues de toutes les couleurs blanches ou vertes, grises ou rouges, noires ou violets foncés… avec des noms fleurant bon le Midi  : La Blanquette, ou Marseillaise, la Barnissotte, ou Boursajotte, la Pastillère…

Des figues aux qualités vantées par tous. Jusqu’à Olivier de Serres, le « père » de l’agriculture dans son « Théâtre de l’agriculture et ménage des champs » en 1600 :

« La bonté de la figue nest mise en dispute, chacun tenant ce fruit là estre des plus exquis, lequel et le raisin, par jugement universel, sont estimés la coronne de tous les autres… »

Des figues présentes dans les récits historiques, qu’il s’agisse d’un plein panier au coeur de la légende de la mort de Cléopâtre en 30 BC, ou d’une simple poignée de Caton, cueillies à Carthage, et jetées encore fraîches au centre du sénat romain en guise d’argument pour déclencher la troisième guerre punique.

Il y a aussi ce fameux procédé de la caprification, pratiqué depuis la nuit des temps dans tous les pays méditerranéens pour mieux faire mûrir la figue. Un procédé décrit par bien des agronomes, dont on a éclairci le mystère que très récemment.

Des figues qui, au delà des ouvrages des agronomes, ont traversé des siècles de littérature.

Bien sur, Frédéric Mistral y fait référence :

Davans de figo coume aquéli,

Madamo, que m’avès manda,

Aurié segur canta Vergéli,

E Teoucrite aurié bada.

« Dans les figues comme celles, Madame, que vous m’avez envoyées, Virgile aurait surement chanté et Théocrite serait resté bouche bée. » (F.Mistral, les iles d’or, 1873)

FIG TREE IN TERRACOTTA POT J ESCOFET

FIG TREE IN TERRACOTTA POT J ESCOFET

Mais aussi Guillaume Apollinaire ou encore de Francis Ponge et certainement bien d’autres encore.

Et je suis sûre que vous avez vous aussi des histoires de figuiers à nous raconter…

 

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