Le temps des graines des jardiniers nîmois

Le temps des graines des jardiniers nîmois

Le temps des graines c’est leur passé, c’est la grande histoire de la nature. C’est le futur qu’elles promettent autant que leur existence, longue ou courte, le temps où elles se forment, celui où elles concentrent leur énergie à préserver celle de leur embryon, l’époque aussi où, dormantes, rien, ni eau ni chaleur, ne peut les décider à germer. C’est leur mort quand la plante naît, le temps toujours recommencé des saisons

Ainsi s’ouvrait le catalogue d’une exposition du musée des Alpilles de Saint Rémy de Provence en 1994, intitulée « Le temps des graines ». De là est né mon intérêt pour le commerce des graines à Nîmes.

Est ce au XVIIe ou bien avant que tout à commencé ? Toujours est-il que c’est à cette époque là que les jardiniers saint-rémois, à l’affût de nouvelles ressources, ont rencontré les représentants, courtiers, cultivateurs-multiplicateurs qui travaillaient pour le compte des négociants-grainiers nîmois, tels que Gustave Carcassone, Jules Sagnier et surtout la maison Jacques Rolland fondée vers 1680.

Au début du XIXe siècle, Nîmes est encore une place de commerce internationale pour les semences. En 1800, un auteur constate :

Nîmes fait un commerce considérable avec le nord de graines oléacées et légumineuses de toutes les espèces dont il se fait des expéditions immenses. On cultive encore en grand pour le même objet, tant dans les champs que dans les jardins potagers, l’anis doux, le basilic, la marjolaine, le persil de Macédoine, le ricin, la luzerne, le sainfoin, ainsi que plusieurs espèces de plantes médicinales ou propres aux teinturiers. Hambourg, Amsterdam, Lübeck en sont les entrepôts les plus remarquables. (Grangent, Description abrégée du département du Gard en l’an VIII).

Frédéric Mistral se fait lui aussi le témoin de cette spécialité nîmoise lorsqu’il rédige l’article graniho de son Trésor du Félibrige :

A Sant Roumié fan forço grniho e à Nîme li negocion. 

(A Saint Rémy on cultive en grand les menues graines, et Nîmes est le siège de leur commerce)

Longtemps avant, Charles Estienne et Jean Liebaut avaient déjà souligné dans l’ Agriculture et maison rustique, cette particularité des jardiniers nîmois. On peut lire dans une des éditions de cet ouvrage, antérieure à 1600 :

Une instruction utile et nécessaire pour tous ceux qui prennent plaisir et se délectent à l’agriculture des jardins, pour sçavoir en quel temps, mois, lune et saison on doit semer, planter et replanter, selon le païs froid et chaud, pour faire avancer et retarder les semences et toutes sortes de graines : suivant l’expérience qu’en a faict à Nismes en Languedoc Jean Lirondes et François Torquat, anciens jardiniers audict Nismes.

Qui voudra avoir de bonnes semences et de bons plans

De graines de Nîmes faut renouveler tous les ans

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Il est 1 commentaire

  1. Denise Galtier

    Une odeur a disparu de Nîmes: celle qui imprégnait les rues où commerçaient les grainetiers! passage Guérin, rue Pierre Sémard, Jean Reboul…!


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