« Lave ta main, blanche, gaillarde et nette,
Trace mes pas, apporte une serviette,
Allons cueillir la salade, et faison
Part à nos ans des fruits de la saison.
D’un vague pied, d’une vue écartée,
Deçà delà jetée et rejetée
Or’ sur la rive, ores sur un fossé,
Or’ sur un champ en paresse laissé
Du laboureur, qui de lui-même apporte
Sans cultiver herbes de toute sorte,
Je m’en irai solitaire à l’écart.
Tu t’en iras, Jamyn, d’une autre part
Chercher soigneux la boursette touffue,
La pâquerette à la feuille menue,
La pimprenelle heureuse pour le sang
Et pour la rate, et pour le mal de flanc;
Je cueillerai, compagne de la mousse,
La réponsette à la racine douce,
Et le bouton des nouveaux groseliers,
Qui le Printemps annoncent les premiers.
Puis, en lisant l’ingénieux Ovide
En ces beaux vers où d’amour il est guide,
Regagnerons le logis pas à pas.
Là recoursant jusqu’au coude nos bras,
Nous laverons nos herbes à main pleine
Au cours sacré de ma belle fontaine,
La blanchirons de sel en mainte part,
L’arroserons de vinaigre rosart,
L’engraisserons de l’huile de Provence;
L’huile qui vient aux oliviers de France
Rompt l’estomac, et ne vaut du tout rien.
Voilà, Jamyn, voilà mon souv’rain bien,… »
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