Mars est là, enfin ! Mois du printemps, du premier temps, celui du renouveau. Au début du calendrier romain, le mois de mars était le premier de l’année, celui du retour des beaux jours, qui marquait aussi le début de la période des guerres, dont il honore le dieu.
Cela fait bien trois mois que nous l’attendions, pour enfin sortir de cet hiver cafardeux. Mais rien n’est encore vraiment gagné… On le sait, mars est capricieux, voire même un peu fou et avril est peu sûr. Des mois des giboulées. Il faudra donc rester prudent et attendre le mois de mai pour faire ce qu’il nous plaît, comme nous y incite la sagesse populaire.
Au jardin, les prémices de ce printemps, ponctués de vraies belles journées dès le début du mois, masquent souvent des coups de froid dévastateurs sur les jeunes pousses encore fragiles. Comme si l’hiver ne se décidait pas à finir, ne voulait pas se faire oublier. Les fleurs de nos arbres fruitiers, à peine éclosent, y sont particulièrement sensibles. « Des fleurs qui s’ouvrent en mars, on a que le regard » dit-on en région berrichonne. Et nous l’avons vérifié plusieurs fois au cours des années précédentes. Un coup de gel sur les arbres en fleurs compromet à coup sûr la future récolte.
Alors que faire au jardin face à tant d’incertitudes climatiques, à un moment où la nature ne demande qu’à sortir de sa dormance hivernale, où les bourgeons éclosent, où la sève remonte, où les jeunes feuilles pointent le bout de leur nez ? Je ne saurais que conseiller la vigilance, l’accompagnement de ce réveil du jardin par des travaux légers de nettoyage des feuillages meurtris par l’hiver et un désherbage des plates bandes tout autant que des pieds des rosiers. Le sol, quant à lui, doit être nourri afin que les plantes y trouvent les éléments nécessaires à leur croissance (pour les arbres fruitiers, cet amendement doit se faire à l’aplomb des couronnes, avant la floraison et sans apport excessif d’azote qui favoriserait la pullulation des pucerons). Un bon paillage, sur un sol ni trop humide, ni trop sec, complètera le tout avec bonheur. La surveillance de l’état sanitaire des jeunes pousses, très sensibles aux attaques des ravageurs, s’impose. Les dernières tailles sont l’occasion d’éliminer toute partie végétale suspecte, fruits momifiés, branches chancrées… Veillez, bien sur, à n’utiliser que des produits d’origine écologique et des méthodes de lutte biologique, comme les auxiliaires de culture. Larves des syrphes, chrysopes et coccinelles, en sont un bon exemple, qui régulent les populations de pucerons. Leur action sera confortée par l’installation de colliers de glu autour des troncs pour stopper le passage des fourmis.
C’est aussi en mars qu’il faut surveiller les taupes ! Car c’est le mois où elles commencent à « entrer en amour » et si l’on ni prend garde elles vont vite retourner tout le jardin. Mais on peut aussi ne pas s’en offusquer. Les semences aiment germer sur les sols remués. Les taupes, petits laboureurs, entretiennent cette dynamique et contribuent au maintien de la diversité dans le jardin, nous enseigne le célèbre jardinier-paysagiste Gilles Clément.
Article publié dans le Bufarot, journal culturel d’information du canton de Monpazier. N°21, Printemps 2013
Au moment où, morose, j’ouvre ton article, un rayon de soleil sort des nuages… Serai-ce un signe ? Dans mon coin il y a eu des vergers de pommes, qui sont à l’abandon depuis pas si longtemps (5-6 ans), je me souviens que les nuits de gel quand les pommiers étaient en fleurs , ils passaient la nuit à les arroser pour éviter le dégel trop rapide du matin..maintenant ce sont des ronciers et le lichen et les chevreuils y trouvent bien des avantages.
Bon dimanche dans votre sud 🙂