Le sureau noir, prince des décombres.

Le sureau noir, prince des décombres.

 

Le sureau noir, Sambucus nigra, est, comme l’ortie, une plante nitrophile. On le trouve souvent à proximité des habitations, dont il est l’arbre protecteur par excellence.

Comme le chèvrefeuille, le sureau appartient à la famille des Adoxacées, les anciennes Caprifoliacées.

Un arbre souvent évoqué dans les légendes comme le gardien des autres herbes et doté de nombreuses vertus. Bénéfique ou maléfique, le sureau n’en est pas moins un arbre magique dans toute l’Europe.

Dès le néolithique il aurait été consommé en boisson, probablement à des fins curatives ;

Eléments importants de la pharmacopée médiévale les feuilles apaisent les douleurs de la peau et ses fleurs ont un effet adoucissant sur les yeux. En tisane, les fleurs séchées seraient excellentes contre le rhume et la toux.

Elles sont aussi utilisées pour parfumer les crèmes, on les dit même « vanille du pauvre ». Elles en ont aussi un peu l’odeur… elles servent encore, et peut-être surtout, à préparer un vin assez doux proche du muscat.

En Italie, la sambuca est une liqueur de sureau contenant également de l’anis et de la réglisse, très forte en sucre (350g/l) qui se consomme traditionnellement pure, avec 3 grains de café, flambée (con mosca, avec des mouches).

Mais c’est de ses baies noires dont les oiseaux raffolent et s’ils vous en laissent quelques unes alors il ne faut pas hésiter à en faire de la confiture.

C’est, enfin, un précieux allié du jardinier écologique. Ses feuilles accélèrent la décomposition du compost et ses rameaux rassemblés en fagots servent de nichoirs aux insectes hivernants. Le purin de feuilles de sureau noir est également utile en jardinage biologique pour combattre mildiou et pucerons. Ce purin aurait également le pouvoir de repousser les rongeurs (souris, mulots et campagnols).

Il est conseillé de planter le sureau en sous-étage des bois. Il donne un excellent compost favorisant les lombrics. On peut aussi le conseiller dans les vergers où il attire les oiseaux qui favorisent l’élimination des insectes. 

Aujourd’hui on le trouve dans les haies en bord de chemin, éclairant le paysage dès le mois de mai de ses larges corymbes blancs et offrant à l’automne ses fruits pourpres dont peu de gens se souviennent qu’ils sont comestibles ou que ces tiges évidées peuvent servir à la fabrication d’instruments de musique.

Le nom latin « sambucus » viendrait du grec sambuca. Etait ce une petite harpe à cinq cordes d’origine chaldéenne, dont jouaient les femmes principalement ? Ou une petite flûte que les bergers fabriquaient avec les branches évidées du sureau noir ?

Une sambuque (sambuca) ?

Ce qui est sur c’est que les branches du sureau contiennent une moelle tendre et blanche que l’on peut facilement extraire.

A Nîmes ont en faisait des Esclafidou  « seringue d’enfant en sureau »

« Il est évident que pour nous, habitants de Vauvert et de la région bas gardoise, l’esclafidou était une arme d’enfant à laquelle nous jouions encore dans les années 60. mais plus tard, terminus…Ce n’était pas une sarbacane, mais une espèce de pompe à vélo en sureau creusé et lorsqu’on emmanchait une branche dans ce cylindre préalablement garni de 2 petites boules provenant d’un micocoulier ( les bélicoques), sous l’effet de la compression, l’une des 2 partait, projetée par l’air ainsi comprimé dans un « pop » de bon aloi. L’arme avait une portée d’une quinzaine de mètres et, à bout portant, dans le lobe de l’oreille par exemple, ça faisait pas du bien !!! Arme saisonnière par excellence (il fallait attendre que le micocoulier veuille bien sortir ses fruits de la taille d’un petit pois), elle a été abandonnée rapidement, de sorte que la génération de mon petit frère (6 ans de moins que moi ne l’a pas utilisé ). »[1]

 On dit aussi que chaque fleur de sureau abrite une fée venue se réfugier entre les pétales. Rien que pour cela il est à préserver…

© Véronique Mure

© Véronique Mure

photo véronique Mure photo véronique Mure

[1] Michel Massol, « L’esclafidou et autres bélicoques » Ed. Lacour Nîmes

 

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