Les herbes de la Saint Jean

Les herbes de la Saint Jean

C’est le matin du 24 juin, jour de la nativité de Saint Jean Baptiste.

Ce matin là, il est de tradition d’aller à la cueillette des « herbes guérisseuses ». Au cœur du solstice d’été les forces de la terre sont en effet réputées à leur apogée et les plantes bénéficient de cette force. Liées au rituel de l’aube, celles-ci doivent être cueillies avant le lever du soleil, couvertes de rosée. Certains disent même en marchant à reculons, et de la main gauche…

Toutes ces plantes sont ensuite bien séchées pour être conservées toute l’année ou montées en bouquets, croix ou couronnes et mises au fronton des portes afin de porter bonheur ou dans les trous des serrures afin d’éloigner les maléfices.

Les plantes de la Saint Jean, aux noms évocateurs de leur usage, sont à la base au nombre de 7:

– L’Achillée millefeuille, l’Herbe au charpentier, Herbe aux coupures, Herbe aux soldats, Herbe des guerriers, Saigne-nez… De multiples noms qui indiquent ses propriétés cicatrisantes dont l’usage remonte à l’Antiquité. Linné l’a dédié à Achille qui aurait appris à l’utiliser pour soigner ses blessures au cours de la guerre de Troie. Mais elle ne l’empêcha pas de mourir de la flèche tirée par Pâris dans son talon. Millefolium vient de la forme très découpée de sa feuille.

C’est une plante compagne idéale de nos jardins. Ses fleurs sont très appréciées des insectes pollinisateurs (abeilles, papillons) et insectes auxiliaires dont les syrphes, dévoreuses de pucerons. Enfin une décoction non diluée (100g/L) de fleurs fraîches mise sur un tas de compost en activera la décomposition.

– L’Armoise, l’Artémise, Herbe aux cent goûts, Herbe de feu, Herbe royale, Ceinture de Saint Jean… qui doit son nom à la déesse grecque Artémis, déesse de la chasse. Dans le langage des fleurs, on offre de l’armoise pour souhaiter une bonne santé. C’est tout dire !

– La Joubarbe est dite Barbe de Jupiter, Barbajou, Herbe du tonnerre, Joubarbe des toits… en témoignage d’une pratique ordonnée par Charlemagne de cultiver des Joubarbes sur le toit des fermes de l’Empire, afin de les protéger de la foudre. Mais on l’appelle aussi Herbe aux cors car le suc des ses feuilles est un excellent cicatrisant. Les appliquer fraîches et pelées ou en pressant la feuille pour extraire le suc, placée directement sur les inflammations, les plaies, les brûlures, les gerçures, contre les cors, les dartres et l’eczéma…

– Le Millepertuis, Herbe aux mille trous, Herbe percée, Herbe aux piqûres, Chasse-diable… Bien avant notre ère, les Grecs anciens connaissaient bien les propriétés du millepertuis pour le traitement des plaies et des blessures, des infections internes et des troubles névralgiques. A partir de la fin du Moyen Âge, son utilisation pour soigner les troubles psychologiques a pris le pas sur les autres usages. On considérait alors le millepertuis comme une plante capable de chasser les « mauvais esprits ». Les herboristes utilisaient aussi l’huile de millepertuis pour une foule de maux cutanés : blessures, plaies, ecchymoses, gerçures, brûlures, etc

– La Sauge, dite Toute-bonne, … dont un seul dicton permet de mesurer les vertus : « Qui a de la sauge dans son jardin n’a pas besoin de médecin »

Bridgeman-XTD-69110

Bridgeman-XTD-69110

Et aussi :

– Le Lierre terrestre, dit Couronne de terre, Rondette, Rondote, Herbe du bonhomme, Courroie de Saint Jean… qui soigne les rhumes et les bronchites.

– La Marguerite sauvage, Grande marguerite, Marguerite des prés, Herbe de Saint Jean, Œil de bœuf… qui aide à la cicatrisation des plaies et soigne les affections des yeux.

On peut ajouter à cette liste d’herbes de la Saint Jean leurs nombreuses cousines d’été, avec des variantes en fonction des régions comme l’aubépine, la bourrache, la camomille, la chélidoine, l’épervière, le fenouil, l’hysope, l’immortelle, la lavande, la marjolaine, la mauve, la mélisse, la menthe, le myrte, la pimprenelle, le pissenlit, le plantain, la reine des près, le romarin, le serpolet, le souci, le thym, la verveine…

Les maux traités par ces plantes, principalement des blessures et des plaies ou des maladies nerveuses, témoignent de l’ancienneté de cette coutume, issus d’époques où les guerres, les conditions d’hygiène mais aussi la dureté de la vie quotidienne, affectaient gravement la santé des gens.

———————————–

Article inspiré d’une chronique des « Conversations sur l’herbe », édition Ateliers Baie, mai 2013.

A voir aussi le Jardin des herbes de la Saint Jean, dans le jardin des migrations au MUCEM, Marseille.

Vous aimerez aussi

Il est 1 commentaire

  1. Durlet

    Je suis heureuse nous avons fait une méditation le jour du solstice d été. Nous étions vraiment détendu. Après j ai pu faire une photo du ciel. Magnifique a ne pas y croire.Comme un entonnoir qui prenait tt la lumière du cosmos pour refléter sur les terres agricoles pour aider les fruits l orge les p de terre à bien pousse même en hiver.


Publier un nouveau commentaire