Dans la fruticée* à calycotome (ou calicotome), je voudrais m’attarder sur le seul calycotome, au calice qui tombe, comme a voulu le rappeler le botaniste Link en le nommant ainsi en 1828. Un de ces épineux Argelas provençaux, avec le genet et l’ajonc, chanté par les poètes. Certainement le plus agressif des trois.
Je voudrais oublier un instant la réputation belliqueuse, voire guerrière de ses puissants rameaux épineux qui lacèrent nos mollets et rendent le maquis impénétrable.
N’en retenir que la couleur éclatante de ses fleurs au tout début du printemps. Comme une vague d’or qui inonde soudain le maquis pour annoncer le retour des beaux jours.
Mais surtout n’en retenir que cette formidable aptitude à vivre dans un milieu hostile. Car le calycotome a toutes les qualités d’une plante méditerranéenne rusée. Il sait tirer parti du feu pour favoriser la germination de ses graines. Il sait s’adapter au manque d’eau en perdant son feuillage dès les premières sécheresses estivales et les retrouvant dès l’apparition de la saison des pluies à l’automne. Il sait, comme toutes les Fabacées, enrichir les sols pauvres en produits azotés grâce aux nodosités symbiotiques sur ses racines, pour favoriser sa croissance. Il sait enfin repousser la dent du troupeau, armé de ses puissantes épines et de ses graines toxiques qui lui valent le nom de « tue-Chèvres », Scannabecco en Italie. Les jeunes pousses d’espèces plus pérennes comme le pistachier, ou palatables comme le thym ou la lavande, ne s’y sont pas trompées en s’abritant sous sa ramure pour se développer.
Le calycotome ne fait donc pas que résister à des conditions de vie difficiles, il contribue aussi à préparer l’avenir.
Véronique Mure
* Une fruticée est une formation végétale formée d’arbustes à port buissonnant, stade intermédiaire dans la succession de végétation qui conduit jusqu’à la constitution d’une forêt. …
Pour l’exposition « Le pouvoir du feu » : l’évolution des pyropaysages. Exposition du TPFE de Jordan Szcrupak à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles-Marseille. dialogue autour de la compréhension d’un cycle naturel.
A voir au Domaine du Rayol jusqu’au 31 décembre 2014.
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