J’aime bien les euphorbes, et la grande en particulier. Au départ il y a eu juste quelques pieds venant de la garrigue nîmoise, transplantée il y a quelques années. aujourd’hui elle est partout dans les plates bandes et les cours de castine, s’étalant à foison dans ce milieu qui semble bien lui plaire. Ici, elle ne sert à rien d’autre qu’à orner les massifs par sa structure étonnante, son feuillage très graphique et ses inflorescences boursoufflées…
Mais il semble que ses vertus furent prisées à certaines époques. Pline l’Ancien, au Ier siècle de notre ère, les décrits abondamment dans le livre XXVI de son « Histoire naturelle », traitant « des autres remèdes que fournissent les plantes, et qui sont classés par genre de maladie »…
Assez surprenant pour vous le livrer inextenso…
XXXIX. [1] Le tilhymale est appelé par les Latins herbe au lait, ou laitue de chèvre (XX, 24 ). On dit que si l’on trace des caractères sur quelque partie du corps avec le lait de cette plante, et que secs on les saupoudre de cendre, les lettres paraissent; et on ajoute que des amants ont préféré aux billets ce moyen de correspondance avec leurs maîtresses adultères. Il y a plusieurs espèces de tithymales.
Le premier est appelé characias (euphorbia characias, L. ); on le regarde comme le tithymale mâle. Les branches sont de la grosseur du doigt, rouges, juteuses, au nombre de cinq ou six, et longues d’une coudée. Les feuilles vers la racine sont presque semblables à celles de l’olivier; la sommité de la tige ressemble aux têtes du jonc.
[2] Il croît dans des lieux âpres, sur le bord de la mer. La graine se recueille en automne, avec les sommités; on la sèche au soleil, on la bat, et on la met en réserve. Quant au suc, aussitôt que les fruits commencent à se cotonner, on l’obtient des branches qu’on casse, et on le recueille sur de la farine d’ers ou sur des figues, afin qu’il sèche avec ces substances; il suffit que chaque figue en reçoive cinq gouttes; et on prétend que prenant une figue ainsi préparée les hydropiques ont autant de selles que la figue a reçu de gouttes. Quand on recueille le suc il faut prendre garde qu’il ne touche les yeux. On tire encore des feuilles pilées un suc moins actif que le précédent.
[3] On fait une décoction des branches. On se sert aussi de la graine bouillie avec du miel, et on en prépare des pilules purgatives. On remplit avec la graine dans de la cire les dents creuses. On se rince la bouche avec la décoction de la racine dans du vin ou de l’huile. On emploie le suc à l’extérieur pour le lichen ; et on le boit pour procurer des évacuations, tant par le haut que par le bas : du reste, il ne vaut rien à l’estomac. En boisson il évacue la pituite avec addition de sel, et la bile avec addition d’aphronitre (XXI, 46, 7). Si l’on veut se purger par le bas on le prend dans de l’oxymel; si par le haut, dans du vin cuit ou de l’eau miellée. La dose moyenne est de trois oboles. La meilleure manière est d’avaler aussitôt après le repas des figues préparées. Il laisse dans la gorge un léger sentiment d’ardeur. Il est en effet d’une qualité si chaude, qu’appliqué seul sur un endroit du carpes il y cause des ampoules comme le feu, et qu’il est employé en guise de caustique.
[…] dans l’Antiquité les vertus médicinales des euphorbes furent louées (A lire ici) aujourd’hui c’est dans les jardins qu’elle est utile pour ses qualités esthétiques autant […]